Si je n’ai pas systématiquement besoin de justifier mes faits et gestes : vous connaissez certainement la raison de mon absence. Je reviens de 6 mois d’aventure à travers le monde pour la réalisation de notre premier documentaire, Shimla, avec Johan Reboul.

Voilà deux semaines que j’ai remis les pieds sur le sol français, après 6 mois à sillonner les routes de Turquie, d’Egypte, d’Arabie saoudite, d’Oman, de l’Inde beaucoup, du Népal, de la Chine, la Mongolie et la Russie… avant de retrouver l’Europe. Tu peux retrouver toute l’aventure ici.

Les jours qui ont suivi mon arrivée, je n’arrivais pas à parler, par pudeur, par déni, par peur, par un je ne sais quoi qui m’a cloué le bec. J’avais besoin de temps pour assimiler l’ampleur de ce que je venais de vivre. Je suis restée à la campagne, à jouer avec la pluie, à retrouver les grandes foulées dans la nature, à ne rien faire, dans ma chambre d’enfance, allongée sur mon lit, en regardant le plafond. Il faut un certain temps, incompressible, pour digérer ces moments forts qui transforment et chamboulent toute une vie. On ne peut pas aller contre ce laps de temps qui permet l’infusion des choses.

Ou si, on peut, mais je crois précisément que c’est en prenant le temps d’atterrir en douceur, de petit à petit rouvrir la porte du connu, que l’on permet les changements opérés de s’imprimer et se tatouer sur le long terme. Un peu comme le sachet de tisane : il n’infuse pas si on le retire trop tôt de la tasse, ou si on le plonge dans une eau tiède. Il lui faut du temps, et tant que c’est chaud. Je sais pas si c’est vraiment clair ma réflexion et encore moins mon exemple ahah mais bon, tout ça pour vous dire que pendant 7 jours, je n’ai – presque – rien fait. Et c’était volontaire.

Je n’ai pas voulu « vite revoir tout le monde », « vite reprendre ma vie comme avant ». J’étais bien tentée de tout retrouver en zappant la phase de digestion, mais j’ai gelé 7 jours dans mon agenda pour ne rien faire. Simplement être. Avant d’enfin, pouvoir partager.

Et ouvrir, franchement, la porte de ma vie en France.

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